Le coût et la raréfaction des énergies fossiles traditionnelles fait qu’aujourd’hui on s’intéresse à peu près à tout.
Le risque est de voir sortir du chapeau magique un lapin garou … un peu à l’image des sables bitumineux dont nous vous parlions ici et là.
Aujourd’hui certains s’intéressent à ce qu’on appelle des gaz non conventionnels, présent en grandes quantités sur tout la surface du globe.
Mais l’exploitation de ces gaz par fracturation hydraulique ou « fracking » n’est pas sans poser des questions.
- Principe de l’extraction
Habituellement le gaz est contenu dans des grandes poches souterraines mais dans l’exploitation qui nous occupe on s’intéresse plutôt à des petites poches de gaz emprisonnées dans une roche non perméable comme le schiste.
Pour extraire ce gaz il ne suffit pas de percer la roche, il faut provoquer une explosion souterraine pour permettre au gaz d’être libéré.
Et ce n’est que ces dernières années, grâce à de nouvelles technologies, que l’on peut arriver à exploiter ces gisements à partir de forage horizontal.
Pour l’obtenir, les industriels creusent un puits d’abord vertical puis horizontal, afin d’augmenter la surface d’exploitation.
Le procédé de fracturation hydraulique consiste à injecter un fluide visqueux dans le puits producteur.
La forte pression engendrée par le pompage du fluide provoque la fracture de la roche et sa propagation dans la roche réservoirPuis, un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques est injecté à haute pression dans le puits.
Cela a pour effet de créer des fissures dans le sous-sol qui libère ainsi le gaz qu’il contient.
Un dessin valant mieux que mille discours voici un peu à quoi ça ressemble :
Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer cette exploitation malheureusement en l’absence de preuves scientifiques irréfutables les industriels se cantonnent derrière notre besoin pantagruélique d’énergie.
Et pourtant l’eau du robinet qui devient impropre à la consommation, l’air chargé de substances toxiques tout cela n’est pas apparu par hasard.
Le documentaire Gasland primé au festival de Sundance, tire la sonnette d’alarme sur des pratiques qu’on aurait cru d’un autre âge !
Voici la bande annonce (en anglais ; si vous l’avez en français ou sous titrée merci de m’avertir je l’inclurai volontiers)
Vidéo directement sur Youtube (si jamais la vidéo n’était pas accessible ici directement)
La ville de Dish au Texas est devenu un exemple, les forages y ont débuté en 1982 mais ce n’est qu’en 2002 que ceux ci ont véritablement pris de l’ampleur.
L’analyse de l’air révèle un cocktail pour le moins surprenant et dans des doses hallucinantes.
On y trouve notamment du benzène à des doses cinquante fois supérieures à celles autorisées par la Commission Texane pour la Qualité de l’Environnement.
De même, des pyridines (substances potentiellement cancérigènes), du xylène et des disulfures de carbones (neurotoxiques) y dépassent jusqu’à 384 fois les normes de sécurité.
Et l’eau n’est pas non plus épargnée …

Image extraite du film Gasland
Dans des tests effectués au Wyoming les scientifiques ont relevé la présence d’essence, de gaz et de métaux dans 11 des 39 puits testés sans oublier le cocktail chimique utilisé pour le fracking qu’on y retrouve également !
Mais finalement est il possible d’extraire ces gaz non conventionnels sans risques ?
Rien n’est moins sûr comme l’écrit le N-Y Times (en anglais).
Et comme le gouvernement américain à en 2005 exempt les extractions de pétrole et de gaz des Clean water act et Clean air act (merci Georges Bush) ils auraient tort de se gêner !
Encore un bel héritage pour nos enfants !
Et chez nous ?
Ne nous réjouissons pas du malheur des autres, le groupe Total, comme le rapporte le journal La Tribune, vient d’obtenir un permis d’exploitation des gaz non conventionnels dans la région de Montélimar.
Le sud est de la France, le nord de l’Italie ainsi qu’une bonne partie de l’Allemagne et de l’Europe Centrale sont également concernés.
Vous verrez d’ailleurs à la fin de la bande annonce du film la carte mondiale avec les endroits prévus d’exploitation.
Source : DDmagazine et 20minutes merci à JDD pour l’idée de l’article